Les vaccins
5 vaccins ont été précommandés par l’Europe : BioNTech-Pfizer, Moderna, Curevac, Astrazeneca et Janssen. 100 millions de doses ont été commandées, soit de quoi vacciner plus que la population Française. Les vaccins seront livrés progressivement au cours du premier semestre 2021, afin d’atteindre la cible d’au moins 15 millions de personnes vaccinées d’ici l’été.
À ce stade, seuls deux vaccins ont reçu les autorisations leur permettant d’être administrés en Europe et en France :
- Le vaccin BioNTech-Pfizer : 17 millions de doses commandées.
Il s’agit d’un vaccin dit « à ARN » (technologie nouvelle), dont les caractéristiques rendent la distribution particulièrement complexe : il doit être conservé à -80°C dans des congélateurs spéciaux, ne peut être conservé que 5 jours entre 2 et 8°C, et ne peut pas être transporté plus de 12 heures. Ce vaccin nécessite deux doses espacées de 3 à 6 semaines. Pour chaque dose administrée, une dose est mise de côté pour la seconde injection. La France dispose de « super congélateurs » pour stocker ces vaccins, répartis sur plus d’une centaine de sites (100 hôpitaux de référence et 5 plateformes logistiques ou « dépositaires pharmaceutiques »).
- Le vaccin Moderna : 7 millions de doses commandées.
Concernant les vaccins en attente d’autorisation :
- Le vaccin Astrazeneca : 28 millions de doses commandées.
Une fois validé, ce vaccin sera disponible dans toutes les pharmacies et pourra être administré par le médecin traitant. Il s’agit d’un vaccin plus « classique », avec moins de contraintes de conservation, pouvant donc être distribué plus facilement.
- Le vaccin Curevac : 8 millions de doses commandées.
- Le vaccin Janssen : 8 millions de doses commandées.
–> L’ensemble de ces doses ont été réservées à l’avance par l’intermédiaire des contrats signés par la Commission Européenne. Comme les autres pays, la France bénéficie d’un nombre de doses au prorata de sa population. Si tous ces vaccins précommandés étaient autorisés selon le calendrier prévu, nous aurions ainsi de quoi vacciner 26 millions de personnes d’ici l’été (deux doses par personne + marge de sécurité).
Les étapes
En raison de l’arrivée progressive des doses, il n’est pas possible de proposer à tous les Français de se faire vacciner dès les tous premiers mois de la campagne. C’est la raison pour laquelle la Haute Autorité de Santé a établi un ordre de priorités :
- Étape 1 : les personnes âgées en établissement (EPHAD). Les personnes âgées sont en effet les plus fragiles face au virus. Les plus de 75 ans représentent ainsi près de 80% des décès. Et elles sont d’autant plus vulnérables au virus qu’elles résident dans un établissement collectif, notamment en EPHAD, comme l’ont montré les nombreux cas de clusters. Près de 20 000 décès ont été enregistrés en EHPAD depuis le début de l’épidémie soit près d’un tiers des décès. C’est donc à ces personnes que le vaccin doit être proposé en premier. Par ailleurs, si le vaccin protège des formes graves du COVID, on ne sait pas encore s’il empêche sa transmission ; il n’est donc à ce stade utile que pour les personnes fragiles, susceptibles de développer une forme grave de la maladie.
- Étape 2 : les personnes de plus de 75 ans, les professionnels de santé et les aides à domicile de plus de 50 ans ou présentant des comorbidités peuvent également se faire vacciner depuis le 4 janvier. Concrètement, depuis le 4 janvier, un hôpital par département propose la vaccination aux professionnels de santé, et d’ici mi-janvier, ce sont environ 300 points de vaccination (certains dans des hôpitaux, certains en ville) qui seront ouverts aux professionnels de santé. Les personnes de plus de 75 ans (5 millions au total) auront accès à la vaccination à partir du 18 janvier, avec prise de rendez-vous depuis le 10 janvier sur le site de l’assurance maladie.
- Étapes 3, 4, et 5 : élargissement de la vaccination à toute la population.
Nous aurons reçu 2,6 millions de doses de vaccin (500 000 par semaine) d’ici début février, soit exactement le même quantum que nos voisins européens, au prorata de notre population. Cela nous permettra donc de vacciner 1 million de personnes d’ici début février, en ayant utilisé 100% des doses disponibles. L’objectif est de vacciner au moins 15 millions de personnes d’ici l’été. Cela correspond à la population des plus de 65 ans et des personnes ayant des comorbidités, donc les personnes susceptibles de développer des formes graves de la maladie.
Le lancement de la campagne
Il a été décidé de démarrer cette campagne progressivement, afin d’accompagner au mieux les personnes âgées en EPHAD vers la vaccination. Nous avons fait le choix de ne pas demander aux personnes âgées de se déplacer pour se faire vacciner. Le vaccin est donc acheminé jusque dans chacun des 8000 EPHAD, ce qui demande un peu plus de temps.
Il a été décidé d’offrir un environnement parfaitement sécurisé aux personnes. La vaccination n’est pas obligatoire, et doit résulter du libre-choix. Or pour des personnes très âgées, parfois atteintes d’Alzheimer, le recueil du consentement prend forcément plus de temps. Il faut contacter les familles, qui souhaitent parfois être sur place au moment de la vaccination. Ces personnes ont aussi une santé plus fragile, et une préconsultation avec un médecin est essentielle. Ce n’est pas de la bureaucratie, c’est de la qualité de prise en charge. Toutes ces étapes avaient été exigées des professionnels de santé consultés pour l’élaboration de la stratégie vaccinale (ordres, syndicats, fédérations…)
Les questions
- Pourquoi ne pas vacciner tout le monde tout de suite ? Nous n’avons pas aujourd’hui de quoi vacciner 70 millions de Français. Cela a toujours été dit : la campagne de vaccination durera jusqu’à l’été, au fur et à mesure que les différents vaccins seront autorisés et que les doses seront livrées.
- Pourquoi la mise en œuvre de cette vaccination prend-elle du temps ? La vaccination a débuté le dimanche 27 décembre, soit à peine 4 jours après l’avis de la HAS qui était le véritable point de départ de la campagne. Il n’était pas possible de recueillir le consentement des personnes ou de faire les consultations pré-vaccinales avant d’avoir cet avis, qui détaille notamment les contre-indications.
- Pourquoi cette lenteur par rapport à nos voisins européens ? Dès le départ, la stratégie vaccinale a été élaborée avec les médecins, sur la base des recommandations sanitaires. Tous ont approuvé la stratégie française. Il s’agit même d’une demande des représentants des EHPAD, qui souhaitaient disposer de temps pour s’organiser plutôt que de lancer des campagnes pendant la semaine des fêtes, où il y a moins de soignants et où les familles sont moins disponibles. Ce délai est bien spécifique aux EHPAD, et ne sera pas nécessaire pour les autres populations.
- Quel sera la suivi des personnes vaccinées ? Il est important de suivre l’impact sanitaire de la vaccination dans la population. Nous devons connaître le nombre de personnes vaccinées, mais aussi savoir si ces personnes recontracteront la maladie ou non, si elles présentent une résistance plus ou moins forte à la maladie comme cela est attendu…C’est ce qu’on appelle la pharmacovigilance. Pour cela, l’assurance maladie a conçu un système d’information qui permettra de partager ces informations, mais dans un respect strict de la confidentialité des données personnelles et médicales. Aucun élément de ce système d’information n’est détenu par des tiers. Chaque personne qui se fera vacciner sera informée des donnés qui seront saisies. Ces données seront « pseudonymisées » ou anonymisées lorsqu’elle seront diffusée aux autorités sanitaires, dans le plus grand respect de la confidentialité des données de santé.
- Y aura-t-il des « vaccinodromes » ? Pour la 1ère phase, il n’est pas prévu de vaccinodromes : ce sont les vaccins qui se déplacent à nos aînés, pas l’inverse. Pour les professionnels de santé et les personnes âgées de plus de 75 ans seront mis en place des points de vaccination de proximité, dans des hôpitaux et des structures de ville. Dès que les vaccins plus classiques arriveront sur le marché, ils seront disponibles en pharmacie, et vous pourrez vous faire vacciner par votre médecin traitant.