L’impact de la crise sur la jeunesse

L’impact de la crise sur la jeunesse

Au 1er janvier 2020, l’INSEE estime à 11,6 millions le nombre de jeunes âgés de 15 à 29 ans, soit 17% de la population française. Parallèlement, la France se situe encore dans le peloton de tête des pays européens en termes de fécondité, à 1,84 en 2020. Si l’indicateur conjoncturel de fécondité français s’éloigne désormais du seuil symbolique de 2 enfants par femme, il reste toutefois supérieur à la moyenne européenne.

La politique en faveur de la jeunesse regroupe l’ensemble des actions concourant à l’accompagnement des parcours de jeunes vers l’autonomie, notamment par l’éducation, la formation, l’insertion sociale et professionnelle, la mobilité, ou l’engagement. Elle est d’autant plus nécessaire que les jeunes rencontrent des difficultés d’insertion professionnelle avec un taux de chômage des 15-24 ans s’établissant à 18,4% en décembre 2020, contre 8% en population générale. Ils connaissent également une précarisation caractérisée par un taux de pauvreté de 20,1 % en 2017, contre 14,1 % dans la population générale.

Une jeunesse impactée par les conséquences du virus

La crise sanitaire économique et sociale que traverse actuellement notre pays renforce ce constat et souligne un paradoxe : si le virus ne touche gravement que peu ou pas les enfants et les jeunes, les conséquences sociales et économiques sont innombrables. Selon la Société Française de Pédiatrie, l’effectif des enfants infectés par la COVID-19 représenterait 3 % à 4 % de la population de cette classe d’âge ; les enfants représentent moins de 1 % des hospitalisations pour cause de COVID-19 enregistrées depuis le printemps 2020.

Toutefois, les conséquences physiques indirectes ne sont pas nulles : effets de la baisse de l’activité physique, retard dans la prévention et les traitements au long court, retard dans le calendrier vaccinal des nourrissons et des enfants, détection des maladies chroniques et des pathologies graves.

Potentiellement plus dévastateur encore, la santé psychique des jeunes fait l’objet d’une attention particulière. La crise sanitaire et le confinement affectent de manière très concrète les trois cadres essentiels au développement des jeunes et à leur intégration : la famille, l’école, le cercle des relations sociales et amicales. On note à ce titre un doublement des tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans enregistrées à l’hôpital Necker par rapport à la même période de 2019, passant de 20 à 40. En dehors des cas graves, la crise a favorisé le repli sur soi mais aussi l’usage excessif des écrans pouvant aller jusqu’à une certaine dépendance.

Les jeunes ont également été l’objet d’un discours culpabilisant mais également parfois stigmatisant, en provenance des médias ou des pouvoirs publics, les jugeant souvent responsables de la propagation du virus.

Enfin, les chiffres de la pauvreté montrent désormais une forte augmentation de la précarité depuis le début de la crise , touchant particulièrement les jeunes. Les demandeurs d’emploi toutes catégories confondues ont augmenté sur un an de 4,8% au 4ème trimestre 2020 en France métropolitaine. Ce chiffre était de 7,1% pour les jeunes de moins de 25 ans. En outre, les chiffres de dépenses du Revenu de Solidarité Active (RSA) ont augmenté de 10% en 2020.

La crise a également été un facteur d’accroissement des inégalités : elle a pesé deux fois plus sur le revenu des Français âgés de 20 à 25 ans que sur celui du reste de la population Ainsi, depuis le mois d’août 2020, les revenus des Français âgés de 20 à 25 ans, qu’ils soient étudiants ou en emploi, ont décroché de 5 à 10% par rapport à la même période en 2019. Le recul des revenus pour l’ensemble de la population se situe, lui, entre 0 et 5%.

Les mesures déployées pour venir en aide à la jeunesse

Face à ces constats, le Gouvernement et les élus de la Majorité ont apporté des réponses massives et inédites, notamment au travers du plan « 1 Jeune 1 Solution », qui assure à chaque jeune sortant sur le marché de l’emploi en 2020 de se voir proposer une solution adaptée à ses besoins et à son parcours, ainsi que différentes mesures de soutien spécifiques aux étudiants qui répondent à des situations d’urgence.

Le plan « Un jeune, une solution »

Doté de 6,7 milliards d’euros, il doit permettre d’accompagner les jeunes de 16 à 25 ans afin de faciliter leur entrée dans la vie professionnelle, de les orienter et les former vers les secteurs et les métiers d’avenir et d’accompagner les jeunes éloignés de l’emploi en construisant des parcours d’insertion :

  • Une aide à l’embauche de 4 000 €, par le biais de compensations de charges, pour tout jeune recruté de moins de 26 ans pour une rémunération inférieure à 2 fois le SMIC, entre août 2020 et mars 2021.
  • Une aide exceptionnelle à l’apprentissage, de 5 000 € pour recruter un alternant de moins de 18 ans (contrat d’apprentissage ou de professionnalisation) et de 8 000 € pour recruter un alternant de plus de 18 ans.
  • Des emplois francs « plus » pour les jeunes résidant en Quartier prioritaire de la Politique de la Ville (QPV), portant la prime à 7 000 € la première année, puis 5 000 € les années suivantes, dans la limite totale de trois ans, pour un recrutement en CDI ; et à 5 500 € la première année, puis 2 500 € l’année suivante, dans la limite totale de deux ans, pour un recrutement en CDD d’au moins six mois.
  • 100 000 missions de service civique supplémentaires pour permettre à des jeunes de s’engager dans des associations, dont 20 000 en 2021 et 80 000 en 2021.
  • Le recrutement de 1 000 jeunes dans les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) sur des métiers centrés autour de la transformation écologique (« VTE verts »).
  • 2 000 emplois via le Fonds de Coopération de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (FONJEP) en appui des associations pour favoriser leur développement ou leur consolidation.
  • 100 000 nouvelles formations qualifiantes ou pré-qualifiantes seront proposées aux jeunes sans qualification ou en échec dans l’enseignement supérieur, dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC).
  • 16 000 formations supplémentaires dans le secteur du soin (infirmiers, aides-soignants et auxiliaires de vie) pour accompagner la mise en œuvre du Ségur de la Santé et du plan Grand Age.
  • 35 000 formations numériques pour les jeunes non qualifiés en 2020 et 2021.
  • Des parcours individualisés pour 35 000 décrocheurs entre 16 et 18 ans, dont 30 000 en 2021.
  • 40 000 places supplémentaires pour poursuivre des formations en études supérieures, en CAP et BTS à la rentrée 2020.
  • Le doublement du nombre d’élèves bénéficiaires des cordées de la réussite et des parcours d’excellence.
  • 120 000 dispositifs supplémentaires d’insertion dans l’emploi, fondés sur les Parcours Emploi Compétences (PEC) et les contrats initiative emploi.
  • Une augmentation de 50 % des places en Garantie Jeunes, soit 50 000 accompagnements complémentaires.
  • 80 000 Parcours Contractualisés d’Accompagnement vers l’Emploi et l’Autonomie (PACEA) supplémentaires.
  • Un doublement de l’Accompagnement Intensif des Jeunes (AIJ) mis en place au sein de Pôle emploi, soit un total de 240 000 bénéficiaires.
  • 3 000 places supplémentaires dans le dispositif SESAME, accompagnement sur mesure vers les métiers du sport et de l’animation.

Les dispositifs de soutien

  • Une aide de 200 € versée en juin 2020 à environ 800 000 jeunes, pour un coût total de 160 millions d’euros. Cette aide était destinée aux étudiants, boursiers ou non, qui avaient perdu leur emploi ou leur stage du fait de la crise sanitaire, aux étudiants originaires des Outre-Mer isolés dans l’Hexagone, qui n’ont pu rentrer chez eux, ainsi qu’aux jeunes non-étudiants de moins de 25 ans bénéficiaires d’APL et sans enfant à charge.
  • Une nouvelle aide de 150 € pour les boursiers et les 400 000 jeunes percevant les APL a été versée en décembre 2020, sans aucune démarche à engager de la part des étudiants.
  • Mobilisation de la Contribution à la Vie Étudiante et de Campus (CVEC) pour 19 millions d’euros entre mars et juillet 2020 : aides sanitaires, alimentaires, financières ou d’accès au numérique.
  • Logement : aucune résidence universitaire n’a fermé, gel des loyers et exonération du préavis de départ des étudiants qui ont souhaité quitter leur logement au début du confinement.
  • Bourses sur Critères Sociaux (BCS) : versement des bourses étendu au mois de juillet 2020 pour l’ensemble des étudiants dont les examens étaient décalés au-delà du 30 juin. Montants réévalués pour prendre en compte l’inflation (+1,2%).
  • Aide alimentaire : tous les étudiants peuvent bénéficier de 2 repas par jour (déjeuner et dîner), pour le prix d’1 euro le repas dans les restaurants universitaires.
  • CROUS : le budget des CROUS a été doublé pour distribuer les aides d’urgence, afin de toucher 45 000 jeunes supplémentaires, pour un coût de 56 millions d’euros.
  • Numérique : un partenariat avec SFR et Emmaüs Connect a permis le don de 20 000 recharges prépayées, 240 000 GO de data, 3 000 smartphones et 1 500 box de poche 4G.
  • Aide psychologique : doublement des capacités d’accompagnement avec le recrutement de 80 psychologues et de 60 assistantes sociales. Un chèque d’accompagnement psychologique est créé depuis février 2021 pour les étudiants en détresse psychologique. Objectif : permettre à ceux qui en ont besoin de pouvoir consulter un professionnel – psychologue, psychiatre – et de suivre des soins. Par ailleurs, une plateforme nationale a été mise en place début mars, permettant de dématérialiser totalement le processus d’orientation (SSU, médecin généraliste) vers le psychologue, dans le respect du secret médical (www.santepsy.etudiant.gouv.fr).
  • Accompagnement : 600 référents dans les cités U pour lutter contre l’isolement des étudiants. 20 000 tuteurs étudiants pour accompagner 200 000 étudiants supplémentaires jusqu’à la fin du semestre, en ciblant tout particulièrement les premières années de licence et de DUT.
  • Un jour par semaine de cours en présentiel avec une jauge maximum de 20%. Cette mesure concerne tous les étudiants qui le souhaitent, quel que soit leur niveau.
  • Lutte contre la précarité menstruelle : des protections périodiques gratuites sont mises à la disposition des étudiantes dans les résidences universitaires et les Services de Santé Universitaires (SSU). À partir de la prochaine rentrée universitaire, des points de distribution seront déployés sur l’ensemble des campus.

Retrouvez mon intervention dans l’hémicycle à l’occasion de la semaine de contrôle

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